Son histoire
L’ingénieur aéronautique Oleg ANTONOV démarre l’étude d’un appareil capable d’emporter une charge utile de 1.000 à 1.500 Kg vers les régions reculées de l’URSS dès 1940 avec comme priorité le fait de pouvoir utiliser des surfaces très courtes et que l’appareil soit versatile: épandage agricole, transport de passagers et de fret de grand volume grâce à une porte cargo, largage de parachutistes, …
Plusieurs prototypes sont étudiés et développés conjointement, mais soit la faible disponibilité de moteurs adaptés, soit des performances décevantes, obligent les autorités aéronautiques à n’en retenir qu’un seul: ce sera l’An-2. Le premier exemplaire vit le jour au sortir de la guerre le 31 août 1947, et, quoi qu’en faible volume, la production démarra rapidement en utilisant des composants déjà produits pour d’autres appareils: train d’atterrissage principal de l’IL-2, roulette de queue du bombardier Tupolev TU-2, …
La production sera définitivement stoppée en 1993 après la fabrication de plus de 18.000 exemplaires.
Ses performances
Etudié dès sa conception comme « STOL » (Short Take-Off and Landing), il devait être capable de décoller à pleine charge, c’est à dire avec les pleins de carburant (1.200 litres) et une charge utile de 1.500 Kg, en moins de 300 mètres sur des terrains non préparés. La seule possibilité était de retenir le concept de biplan, déjà largement dépassé lors de sa conception.
L’An-2 est équipé d’un moteur Shvestov ASh-62IR, fabrication sous licence du moteur radial américain Wright R-1820 développé dans les années 1930, de 1.000 chevaux et 30 litres de cylindrée (1.820 in³). L’hélice quadripale en aluminium de 3,80 m de diamètre est à pas variable. On retiendra également la présence d’un réservoir d’huile (minérale pure 100 ou 120) de 120 litres.
La trainée engendrée par la formule biplan ne joue pas en faveur de la vitesse de croisière qui s’établit à 180 Km/h, mais permet une vitesse d’approche de 90 Km/h avec les pleins volets et ainsi une distance d’atterrissage publiée au manuel de vol de -80 m- (quatre-vingt mètres!), soit inférieure à celle de nombreux ULM.
Le rayon d’action de l’An-2 est au maximum de 1.500 Km.
Ses anecdotes
- Le Captain, assis en place gauche, dispose d’un urinoir avec sortie directe sous le fuselage … il est fortement conseillé de vérifier que le conduit n’est pas obstrué avant toute utilisation. Il faut par ailleurs s’attendre à un message d’alerte de la tour de contrôle lors de son utilisation au point d’arrêt avant le décollage, car toute issue de liquide est par définition suspecte sur un aéronef, surtout de cette taille!
- C’était jusqu’à encore récemment, le seul aéronef à moteur pistons à être basé toute l’année au delà du cercle polaire. Tous les exemplaires produits étaient livrés d’origine avec un système permettant de démarrer le moteur malgré le fait que le bain d’huile était figé par les températures négatives. Le système permet de dérouter du carburant dans le circuit d’huile pour le re-fluidifier. Fumée assurée au démarrage!
- Pose d’un Antonov 2 sur un iceberg en mars 1957 dans l’Antarctique.
- Le moteur démarre habituellement grâce à un volant d’inertie lancé par moteur électrique situé dans le compartiment moteur. L’avion devant être entièrement autonome même dans les régions reculées de Sibérie, il est possible de le démarrer depuis l’habitacle grâce à une manivelle qui vient, très lentement, mobiliser les masselottes du volant d’inertie: un exercice particulièrement physique.
- L’An-2 est le deuxième aéronef le plus fabriqué de tous les temps en nombre d’exemplaires, après le Douglas Dakota DC-3 / C-47.
- Au début des années 1990, la version passagers des An-2, dite « P », aura transporté près de 370 millions de personnes et plus de 9 millions de tonnes de cargo et de courrier.